Mode engagée : LATER cultive "un hédonisme raisonné”
Mode engagée : LATER cultive "un hédonisme raisonné”
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“Avec ce nom anglais, LATER..., on a voulu brouiller les pistes. On a choisi ce mot pour sa sonorité et son graphisme. Et puis, il résonne avec nos inspirations musicales, le hip-hop des années 1990. Le sport aux Etats-Unis, aussi… Ce rêve d’Amérique dont nous sommes revenus”, raconte Benjamin Hooge, co-fondateur de la marque avec Benoît Tardif. C’est précisément à cette époque qu’ils se sont rencontrés. Depuis leurs 15 ans et leur adolescence bretonne, les deux copains ont suivi des chemins différents… Sans jamais se perdre de vue.
Benjamin, après des études d’ingénieur informatique, a vogué vers New York, dans le trading de matières premières. À Paris, ensuite, notamment pour mener une activité de conseil dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme… Avant de retourner dans sa région natale, pour travailler dans l’entreprise agroalimentaire Daunat, entre autres en tant que Directeur des programmes de transformation. Benoît, quant à lui, s’est tout de suite tourné vers la mode : à Londres et à Paris comme responsable de boutiques de luxe, puis comme personal shopper, directeur artistique et styliste photo pour des marques et des artistes, activité qu’il poursuit encore aujourd’hui.
Alignement des planètes
Comme cela arrive parfois dans la vie, l’alignement des planètes s’est produit autour d’une bière, en novembre 2018. Leurs calendriers, aspirations et envies se synchronisent : Benjamin voulait monter une entreprise à impact. Benoît pensait à créer une marque de vêtements. De cette discussion houblonnée naîtront les prémices de LATER..., les contours d’une “marque de mode radicalement engagée”.
Pendant plusieurs mois, les deux compères éclaircissent minutieusement leurs idées. “Au début, nous sommes partis sur un vestiaire masculin… Qui est vite devenu mixte. Aujourd’hui, 30 à 40% de notre clientèle est féminine, explique Benjamin. Nous avons voulu créer des pièces épaisses, avec des manches. Des pièces fortes et intemporelles, à porter de plein de manières différentes”. Avec la surchemise en première ligne !
Nous avons voulu créer des pièces épaisses, avec des manches. Des pièces fortes et intemporelles, à porter de plein de manières différentes.
À partir de cette base stylistique, comment avoir le plus faible impact possible sur l’environnement ? Comment redonner du sens aux vêtements et à la mode ? D'où viendront les matières ? Comment seront-elles transformées ? Benjamin et Benoît se posent mille questions : “Le coton bio ne nous a pas inspirés, car souvent produit à l’autre bout de la planète. C’est compliqué de garantir l’origine, et il s’agit toujours de fabriquer une fibre, avec des enjeux de teinture et de consommation d’eau”.
Alors ? Effarés par les chiffres des dizaines de milliers de tonnes de vêtements jetés chaque année en France, ils décident de confectionner des vêtements… À partir d’anciens habits, récupérés chez des collecteurs, du type Le Relais. Les textiles sont triés par matières et couleurs (pour ne pas utiliser de teinture), déchiquetés et transformés en nouvelles fibres. “Les vêtements sont ainsi beaucoup mieux valorisés que s’ils avaient été transformés en isolants. C’est aussi une manière de recycler localement”, précise Benjamin. Ils cherchent des partenaires évidemment français et européens, et la première surchemise en laine sort en décembre 2019.
Un vestiaire recyclé
Depuis, de nouvelles matières et de nouvelles pièces, toujours 100% recyclées, sont apparues dans le vestiaire LATER..., à un rythme doux et raisonné : la surchemise casual, la veste de travail, la surchemise oversize, le sweat-shirt à col zippé, la veste matelassée... En produisant des petites quantités, pour garder “un contact avec nos fournisseurs à chaque étape de la production”. Installés à Rennes, Benoît et Benjamin naviguent souvent vers leur show-room parisien, travaillent à l’élargissement de la gamme - une veste sans manches pour cet hiver, par exemple ! - et à de futures belles collaborations.
Aujourd’hui, le filage est réalisé à Brassac, dans le Tarn, ou bien en Espagne. Pour le tissage des matières, direction Castres, également dans le Tarn. Pour le cas particulier des tissus en polaires, ceux-ci sont fabriqués par un spécialiste à Roanne.
Enfin, c’est au Portugal (ou en Pologne pour la veste de travail) que les vêtements de LATER... sont confectionnés, avec des détails soigneusement pensés. “On cherche toujours à faire mieux. Par exemple, au début, on a cherché des stocks d’anciens boutons à réutiliser… Mais c’était impossible d’en trouver 500 identiques. Alors, nous nous sommes tournés vers Corne & Corozo, un boutonnier lyonnais, qui produit en Italie des boutons à partir de caséine, un surplus de la production de lait. C’est un savoir-faire qui existait au XIXème siècle, mais qui a quasiment disparu”, illustre Benjamin.
La marque propose régulièrement à sa communauté de précommander : pour ne pas créer des pièces qui resteront invendues, et ne gaspiller ni matières, ni ressources. C'est le cas actuellement avec la veste boule en flanelle de laine mélangée, à porter "une bonne partie de l’année selon ce que vous lui associerez". "Ce que l’on aime le plus dans cette pièce, c’est son côté versatile. Elle peut être portée très chic de par sa couleur et sa matière noble. Mais elle remplacera aussi votre meilleur sweat avec un t-shirt blanc, une vieille paire de basket et un jean bien usé", écrivent ainsi les associés de LATER... dans la description de ce beau vêtement.
Autre grande bataille des deux bretons : la transparence. “L’un de nos objectifs, c’est d’avoir un modèle économique viable. Pour cela, il faut que les gens adhèrent. Notre meilleur argument, c’est de sensibiliser et d’expliquer. On dit tout, sur les process, les lieux de fabrication, les coûts… D’ailleurs, on explique clairement la composition du prix, pour savoir où vont les 200 euros d'une pièce... 200 euros, c’est cher. Mais ce n’est pas cher si on regarde l’usage : c’est une surchemise qui durera 10 ans !”, illustre Benjamin. Meilleur exemple concret de cette grande volonté de transparence : l'étiquette à la taille imposante, qui n'élude aucune information sur le produit !
L’un de nos objectifs, c’est d’avoir un modèle économique viable. Pour cela, il faut que les gens adhèrent. Notre meilleur argument, c’est de sensibiliser et d’expliquer.
Économie circulaire
Le duo réfléchit beaucoup à l'impact des ses produits, de la création de la matière à la fin de vie : “On teste la recyclabilité de nos tissus, avec une subvention de l’ADEME (Agence de la Transition écologique, ndlr). Les résultats sont très positifs. On veut s’inscrire dans une logique d’économie circulaire”, dit Benjamin. Même si personne ne l’a encore utilisé au vu de la jeunesse de la marque, un système de consigne est tout prêt à fonctionner. LATER... reprendra les vêtements pour 15% du prix, pour les revendre dans une gamme vintage, les upcycler ou les recycler : “c’est notre responsabilité d’anticiper la fin de vie de nos produits”.
C’est notre responsabilité d’anticiper la fin de vie de nos produits.
Parce que LATER..., ce n’est pas seulement une référence à une adolescence au mitan des fougueuses années 1990. C’est bien sûr aussi et surtout une allusion à l’avenir : “LATER..., c’est plus tard. C’est penser à demain, puisque chaque chose à un impact sur le futur. C’est aussi l’anagramme d’ALTER… Et les points de suspension, c’est la suite. Les choses continuent”. Et de préciser que cette alternative est aussi bien ancrée dans le présent. C'est maintenant qu'il faut changer la mode. “Nous voulons cultiver un hédonisme raisonné”, ajoute Benjamin. Car, en fabriquant des pièces pointues et entièrement recyclées, LATER... ne perd jamais de vue le goût des belles choses et le plaisir de s’habiller.
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