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Comment manger bio sans se ruiner ?

Comment manger bio sans se ruiner ?

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Même si les produits labellisés semblent moins touchés par les hausses des prix que leurs équivalents conventionnels, l’addition d’un panier bio reste encore généralement plus élevée. Outre le contexte inflationniste tendu, induit par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nombre d’études s’accordent à dire que le bio demeure plus onéreux. Et ce même si les comparaisons des paniers bio/non bio restent complexes. Pourquoi la note s’avère-t-elle plus salée ? Peut-on manger bio sans se ruiner ?
ID L'info durable

[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #11 : Tout savoir sur l'alimentation bio, réalisé par ID L'Info Durable]

À l’heure de l’inflation, l’alimentation bio n’est pas épargnée par la hausse des prix, conséquence de la guerre russo-ukrainienne. Toutefois, ce marché de niche reste moins touché que son équivalent par le contexte géopolitique tendu, puisque moins dépendante des produits importés. Malgré tout, les prix pratiqués en rayons restent encore dans l’ensemble plus élevés en bio.

L'alimentation bio coûte-t-elle plus cher ?

Concrètement, les comparaisons entre les offres bio et conventionnelles sont complexes, compte tenu de la diversité des produits et des gammes de prix du marché. Mais plusieurs travaux sur la question s’accordent tout de même à les placer au sommet de la pyramide des prix alimentaires. En 2020, le magazine Linéaires estimait notamment que les aliments issus de l’agriculture biologique étaient en moyenne 75 % plus coûteux que les autres dans la grande distribution. Toutefois, cette même étude mettait aussi en avant des prix plus attractifs en bio sur certains produits : les gammes diététiques notamment, ou encore les desserts végétaux, catégories dominées par les offres biologiques. Quoi qu’il en soit, marques ou distributeurs restent des facteurs influant largement sur la variabilité des prix pratiqués en rayon. "Le bio de premier prix est systématiquement moins cher que son homologue conventionnel en marque nationale", notait en 2017 l’association Familles Rurales dans son Observatoire annuel des prix.

Une dimension également confirmée par les travaux de l’UFC-Que Choisir en 2019 : si les prix pratiqués en magasins spécialisés bio étaient globalement plus élevés, les fruits et légumes en revanche y demeuraient moins chers qu’en grande surface. Autre constat de l’association : à travers ces tarifs plus élevés, elle dénonçait des surmarges pratiquées par la grande distribution. Selon l’étude, les produits biologiques y étaient en moyenne 75 % plus chers que les conventionnels.

Le bio vaut-il le "coût" ?

Comment explique-t-on ces nuances de prix ? L’Agence Bio, pour sa part, avance l’argument production/ rendement. En effet, compte tenu du cahier des charges interdisant les traitements chimiques de synthèse, cultiver en agriculture biologique nécessite plus de main d’œuvre pour moins de rendement. De même, le bio – notamment concernant les produits dits transformés - a tendance à utiliser des ingrédients plus "nobles", donc plus chers.

Quant à l’emballage, celui-ci peut également représenter un surcoût, les fruits et légumes bio ayant par exemple besoin d’assurer une conservation plus importante, ou encore les acteurs bio ayant tendance à vouloir s’affranchir du plastique... Enfin, "le coût du contrôle et de la certification de l’ensemble de la filière est à la charge des opérateurs", rappelle encore l’Agence Bio. N’en reste pas moins que, plus le bio se développe, plus l’écart de prix s’amoindrit. Les marques labellisées, développées par les acteurs de grande distribution y contribuent notamment.

Le coût du contrôle et de la certification de l’ensemble de la filière est à la charge des opérateurs.

Grande surface ou magasin bio ?

Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio’c’bon... On les trouverait presque à tous les coins de rues. Les magasins bio spécialisés fleurissent sur le territoire depuis ces dernières années. Mais, en témoigne l’étude de 2019 de l’UFC-Que Choisir, le panier de courses Biocoop reste assurément plus cher que celui de Carrefour. Toutefois, le bio proposé par les enseignes spécialisés n’est-il pas de meilleure qualité ?

Là, deux visions s’affrontent : le bio et La bio, comme le distingue l’auteur Philippe Bramedie dans son ouvrage La Bio, un avenir pour tous, aux éditions du Cherche-midi. La première relevant du seul cahier des charges, la seconde d’une vision plus globale et plus poussée. "La bio est une vision exigeante, complexe où des tas d’éléments interagissent en symbiose (…), décrypte Claude Gruffat, président de Biocoop et auteur du livre Les dessous de l’alimentation bio. Chez Biocoop, nous restons fidèles à la bio : tolérance zéro pour les pesticides, les OGM et autres résidus chimiques. Nous complémentons les règlements du bio pour avoir des produits 100 % bio, des fermes 100 % bio (…). Nous maintenons cette cohérence globale, au-delà du label".

La bio est une vision exigeante, complexe où des tas d’éléments interagissent en symbiose.

L'agriculture raisonnée, alternative au bio ?

Le bio a un prix. Mais peut-on y déroger tout en respectant l’environnement et sa santé ? Là, se tourner vers "l’agriculture raisonnée" est une solution parfois avancée. D'origine anglo-saxonne, l'"integrated farming" ou "agriculture raisonnée" correspond à toutes les démarches mises en place dans une exploitation qui visent à améliorer l’impact environnemental des pratiques agricoles tout en ne nuisant pas aux rendements. Si les rendements sont conservés alors le prix reste bas. L’utilisation de produits phytosanitaires n’est donc pas interdite, mais n’est pas encouragée.

En 2013, la Commission nationale de la certification environnementale a entériné "le passage définitif de l’agriculture raisonnée à la certification environnementale". On retrouve alors trois niveaux de certification. Le plus élevé est le label "Haute valeur environnementale" (HVE). Mais l’agriculture raisonnée est plutôt controversée. Certains estiment que les trois certifications ne sont pas suffisantes pour protéger l’environnement et la santé des consommateurs et consommatrices. Dans un article daté du 11 janvier 2021, L’UFC-Que choisir explique que le label HVE, bien que prônant une utilisation raisonnée des intrants et la préservation de la biodiversité, n’est pas assez exigeant, autorisant notamment les productions hors-sol et n’excluant pas les pesticides.

Quelles solutions pour manger bio à moindre coût ?

D’après l’Agence Bio, le "surcoût" que représente la consommation de produits biologiques "peut être diminué par l’achat de produits bruts, de saison et locaux". En effet, se ruiner chaque fois que l’on remplit son frigo n’est pourtant pas une fatalité. Pour amortir les frais, il faudrait encore apprendre à faire ses courses autrement.

Le surcoût [...] peut être diminué par l’achat de produits bruts, de saison et locaux.

  • Des épiceries petits prix

Les fruits et légumes peuvent être achetés en magasin bio, sans trouer son porte-monnaie. Mais quid des autres produits ? Les épiceries en ligne se multiplient ces dernières années et offrent une solution alternative. Selon un reportage diffusé sur TF1 en mars 2021, ces plateformes seraient "en moyenne 20 à 40 % moins chères". La formule miracle : celles-ci ne passent pas par les cases grossistes, fournisseurs, permettant ainsi de réduire les marges. Exemple : La Fourche propose à ses clients l'accès à des produits 25 à 50 % moins chers, selon l’enseigne.

  • Moins d’intermédiaires en circuit court

En effet, si le produit passe par le moins de main possible, le prix s’en fera ressentir. On parle alors de circuit court. Ce type de dispositif a en outre le mérite de réduire les étapes de transports et donc, les émissions de gaz à effet de serre qui peuvent y être liées. Pour consommer en circuit court, les Amaps – Association pour le maintien d’une agriculture paysanne - créent des liens entre des groupes de consommateurs et des producteurs locaux qui proposent des paniers de fruits et légumes de saison. Selon l’annuaire national des Amaps, le prix est fixé de manière équitable en rémunérant les agriculteurs de manière décente et en permettant aux consommateurs d’obtenir ces paniers à moindre coût.

  • Pour faire baisser la note, réduire le gaspillage

Autre dimension non négligeable, le gaspillage alimentaire. En bio ou pas, celui-ci impacte assurément le portefeuille. D’après l’Agence de la transition écologique (ADEME), ces pertes au sein des foyers équivaudraient à jeter 4099 millions d’euros chaque année par la fenêtre. S’attacher à les réduire permet donc indéniablement de faire des économies.

Certaines applications peuvent aider, à l’image de Pheonix, Too Good To Go permettant de récupérer les invendus des magasins, quel qu'ils soient. Autre moyen de réduire le gaspillage : l’achat en vrac. Si son avantage premier est d’éviter les emballages superflus, le vrac permet aussi d’acheter en plus juste quantité. D’après l’UFC-Que Choisir, les produits proposés en vrac seraient en moyenne 6 % moins chers que ceux emballés, notamment pour les fruits secs et légumineuses.

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