Carnets et cahiers Econotes : "il faut passer du jetable au réutilisable"
Carnets et cahiers Econotes : "il faut passer du jetable au réutilisable"
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L’un des grands dénominateurs communs du trio EcoNotes, c’est l’Australie. Au milieu des années 2010, Stephen Le Guen, diplôme de maître-nageur en poche, fait des saisons baroudeuses… Et passe deux belles années dans la grande île. Luc Marani, quant à lui, travaille à cette époque en France, dans un cabinet d’avocats, après son Master en droit international. “Cela ne me plaisait pas du tout… Un copain installé en Australie - Stephen !- me dit “allez, tu devrais venir”. J’y vais et je fais des petits boulots dans le bâtiment”, se souvient-il. Enfin, Faustine Pons, après avoir occupé un emploi de puéricultrice en Nouvelle-Calédonie, part voyager en van en Australie, sur les vifs conseils de son ami… Stephen.
“Cette période m’a donné beaucoup de force et d’ambition. En rentrant en France fin 2018, j’ai voulu me lancer dans un projet qui avait du sens, explique-t-il. J’ai cherché quelque chose à créer et je me suis intéressé au papier, dont la production peut être plus polluante que ce que l’on imagine. Il y a peu de choses plus éphémères que le papier !"
D'ailleurs, selon l'Agence de la transition écologique, le papier représente 75% des déchets du bureau et n'est au final que très peu recyclé. "L’une des solutions pour éviter les déchets papier, c’est les outils numériques. Mais l’écriture manuscrite reste privilégiée par beaucoup de monde”, souligne Stephen.
L’une des solutions pour éviter les déchets papier, c’est les outils numériques. Mais l’écriture manuscrite reste privilégiée par beaucoup de monde.
Alors, quelle est l'alternative ? “On pouvait trouver à l'étranger des cahiers dits réutilisables, mais c’était un peu comme des tableaux Veleda coupé en feuilles”. Comment façonner un objet plus proche d’un cahier ordinaire ? Dans un premier temps, le nouvel entrepreneur trouve une usine capable de fabriquer son produit en Asie du Sud-Est. Il lance les premières ventes dès 2019, avec les coups de main de Faustine (depuis La Réunion) et Luc, eux aussi animés par la volonté de créer une solution innovante et responsable. Sur ces cahiers d'un nouveau genre, on peut écrire, effacer, recommencer.
Une relocalisation de la fabrication
La matière des débuts est du papier de pierre, un mélange de composés minéraux et de plastique. "Je faisais venir des stocks de cahiers de Chine, avec cependant déjà l’idée de relocaliser dès que possible. C’était très bien parti… Jusqu’au premier confinement. Les colis sont restés bloqués à la frontière. Cela permet de se poser les bonnes questions, mais aussi d’apprendre les clés du service après-vente : il faut être transparent et humain pour faire comprendre l’attente de plus de 7 mois !”, raconte Stephen.
En septembre 2020, Faustine et Luc deviennent associés de la jeune société. Les trois entrepreneurs développent un tout nouvel agenda réutilisable à l'infini. Au printemps 2021, gros changement : toute la production (impression, perforation, assemblage) est relocalisée en France.
Le papier de pierre, non recyclable en France ou en Europe, est également remplacé par une résine synthétique entièrement recyclable pour ces nouveaux cahiers, carnets et bloc-notes réutilisables. “La texture est celle d’un papier glacé de haute qualité. Les feuilles sont traitées pour pouvoir boire l’encre”, explique Luc. Cette fine matière synthétique est en revanche introuvables dans l’Hexagone et “vient d’une usine de Taïwan, détentrice d’un brevet”.
La texture est celle d’un papier glacé de haute qualité.
Rédiger, effacer, recommencer
Comment ça marche ? Tout d’abord, il faut utiliser un stylo gel effaçable (proposé par la marque ou acheté dans le commerce) aux propriétés thermosensibles, autrement dit effaçable à la chaleur. “La sensation d’écriture est douce, ça glisse !” assurent les co-fondateurs. “Pour le moment, nous n’arrivons pas à avoir du Made in France pour les accessoires. Mais on cherche, on espère pouvoir faire des lingettes françaises d'ici 2024”, dit Stephen.
Pour retrouver des pages blanches, “il y a trois méthodes complémentaires. Pour une toute petite faute, vous pouvez juste effacer avec la gomme. Si vous voulez effacer une page entière, la lingette humide est le moyen le plus simple et efficace. Enfin, si vous souhaitez effacer tout le cahier, il suffit de le feuilleter en passant un coup de sèche-cheveux !”. À noter, ce sont aussi des cahiers et carnets à la durée de vie garantie. “Ils sont indéchirables et ne vont pas jaunir. Nous sommes allées jusqu’à 1000 essais d’écriture/ effaçage sur un même cahier. On a arrêté car on était fatigués mais on aurait pu continuer !", rigolent les co-fondateurs.
Et pour conserver vos précieuses notes, Stephen, Faustine et Luc recommandent l’appli Adobe Scan (avec qui ils n’ont aucun lien !). Mais ils préparent la sortie de leur propre application mobile pour 2024, qui aura “des spécificités pour rapprocher le numérique du physique”.
Installée dans le sud de la France - à Montpellier pour les bureaux et à Mougins (Alpes-Maritimes) pour la production - l’équipe grandit et développe des innovations, comme ce produit très largement demandée par la communauté EcoNotes : un post-it réutilisable, sorti fin 2022. Le gros défi de R&D ? Obtenir une colle réutilisable. “Notre réflexion, c’est qu’il faut passer du jetable au réutilisable, dans tous les domaines, affirment les co-fondateurs. Par exemple, des couverts en bois sont certes biosourcés, mais restent jetables. Avec nos cahiers et carnets, nous voulons transformer ces consommables du quotidien en objets durables".
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