On a testé pour vous : 3 produits, 5 applis cosmétiques
On a testé pour vous : 3 produits, 5 applis cosmétiques
Vous avez peut-être lu notre panorama des applications de notation des cosmétiques ? Maintenant, passons à la pratique !
Pour ce test, un cosmétique classique, une crème solaire bio et un déodorant aux huiles essentielles passent sur le banc d’essai. Chaque produit a été examiné par 5 applications mobiles de notation des cosmétiques : Yuka, INCI Beauty, QuelProduit, Clean Beauty et Open Beauty Facts.
5 applications, 3 produits scannés… Au final, une seule et même note ? Ah, non, ce serait trop simple !
Une crème hydratante conventionnelle de la marque Nivéa, destinée à toute la famille
1. Open Beauty Facts
Informations données par l’app
Les ingrédients pouvant provoquer une allergies ont surlignés en gras dans la liste :
limonène
géraniol
hydroxycitronellal
linalol
citronellol
benzyl benzoate
cinnamyl alcohol
L'analyse des ingrédients identifie les substances potentiellement controversées non présentes dans la liste :
Sans paraben
Sans formaldéhyde
Sans fragrance allergène
Sans silicone
Sans phenoxyethanol
Sans triclosan
Sans cetrimonium-bromide
Sans methylisothiazolinone
Sans sel d'aluminium
Critique
Deux erreurs ont été relevées, à la lecture des mentions “sans” :
“Sans fragrance allergène"... Alors que sont indiqués des parfums potentiellement allergisants selon la réglementation européenne, comme le limonène et le géranium.
“Sans sel d'aluminium”... Stricto sensu, l’ingrédient "stéarate d’aluminium" est un sel d’aluminium, même s’il ne soulève aucune inquiétude.
Conclusion pour le 1er test
Il est nécessaire de revérifier soi-même les informations, cette app s’adresse à un public avisé.
2. Clean Beauty
Informations données par l’app
Indique les ingrédients controversés et les raisons :
paraffinum liquidum (huile issue de la distillation du pétrole)
paraffin (huile issue de la distillation du pétrole)
cera microcristallina (huile issue de la distillation du pétrole)
Les allergènes sont détectés, selon le règlement CE n°1223/2009 :
limonène
géraniol
hydroxycitronellal
linalol
citronellol
benzyl benzoate
cinnamyl alcohol
Critique
Ni note, ni couleur ! Pourtant, l'appli donne une information factuelle en listant les substances pouvant induire une réaction allergique et en indiquant les composés chimiques de synthèse issus de la pétrochimie, ayant un impact sur l'environnement.
Conclusion pour le 1er test
Une analyse fine et factuelle ! L'appli fait la distinction entre le risque pour la santé du consommateur et le risque environnemental.
3. Yuka
Informations données par l’app
Note globale : 17/100 mauvaise
Cette note est décomposée.
4 ingrédients avec un “risque modéré”
Paraffinum liquidum
Paraffin*
Cera microcristallina
Toutes ces huiles sont issues de la distillation du pétrole. L'appli note la présence de composés aromatiques (MOAH et MOSH*) potentiellement cancérogènes.
Stéarate d’aluminium (sel d’aluminium)
7 ingrédients avec un “risque faible”
Limonène
Géraniol
Hydroxycitronellal
Linalol
Citronellol
Benzyl benzoate
Cinnamyl alcohol
Potentiellement allergisants.
10 ingrédients “sans risque”
Critique
La note est la plus basse. L’explication donnée pour les 4 ingrédients à “risque modéré” fait l’amalgame entre l’alimentation et les cosmétiques.
*Les MOAH (hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales) et MOSH (hydrocarbures saturés d'huile minérale) sont présents dans les encres des emballages alimentaires en carton ou papier avec un risque de migration vers les aliments. Ce sont donc des substances préoccupantes dans le secteur de l'agro-alimentaire. En cosmétique, la paraffine et ses dérivés sont purifiés, sans MOAH et MOSH. Très utilisées en médecine, ces substances chimiques ne posent aucun de problème pour la santé.
Elle est la seule appli à traiter les sels d’aluminium en mode binaire, sans s’intéresser au type de sel d’aluminium ni à sa quantité.
Conclusion pour le 1er test
L'appli surévalue les risques pour ce premier test en attribuant un risque aux huiles minérales qui ne concerne pas le domaine de la cosmétique. Elle ne fait pas la distinction entre le risque pour la santé du consommateur et le risque environnemental.
4. INCI Beauty
Informations données par l’app
Note globale : 7,1/20 "pas terrible"
Décomposition de la note :
3 ingrédients “pas terrible”
Paraffinum liquidum
Paraffin
Cera microcristallina
Toutes ces huiles sont issues de la distillation du pétrole.
9 ingrédients “satisfaisants”
Limonène
Géraniol
Hydroxycitronellal
Linalol
Citronellol
Benzyl benzoate
Cinnamyl alcohol
Parfum
Potentiellement allergisants.
Magnésium sulfate
Famille des sulfates, potentiellement irritant.
9 ingrédients “bien”
Critique
Ramenée sur 100, la note serait de 28,4, supérieure à celle de Yuka, alors qu’elle épingle les parfums et le magnésium sulfate. “Parfums” est un terme générique autorisé. Toutefois il ne permet pas de connaître la nature de la substance parfumante et si elle fait partie des 26 réglementées.
Les 3 ingrédients d’origine de synthèse dégradent la note à cause des procédés d’extraction (distillation du pétrole). Ils ont un impact environnemental et non sanitaire.
Conclusion pour le 1er test
Surévalue les risques pour le consommateur en ne faisant pas la distinction entre le risque pour la santé et le risque environnemental.
5. QuelProduit
Informations données par l’app
Risque limité pour tous les profils
Décomposition du profil :
7 ingrédients avec un “risque limité”
limonène
géraniol
hydroxycitronellal
linalol
citronellol
benzyl benzoate
cinnamyl alcohol
Potentiellement allergisants
14 ingrédients “aucun risque identifié à ce jour” dont :
paraffinum liquidum
paraffin
cera microcristallina
stéarate d’aluminium
magnésium sulfate
Critique
Sans note, mais avec une information visuelle (code couleur), elle est représentative des données scientifiques actuelles. Le risque est limité à cause des substances pouvant induire une réaction allergique.
D’un point de vue purement sanitaire, les huiles minérales ne posent aucun problème et apparaissent donc en vert.
Conclusion pour le 1er test
L’analyse fine et factuelle est accompagnée d’un indice couleur appréciable. Mais l'appli ne prend pas en compte l’impact des cosmétiques sur l’environnement.
Un déodorant solide contenant des huiles essentielles bio de la marque Les Petits Prödiges
1. Open Beauty Fact
Informations données par l’app
Produit non reconnu, absent de la base de données.
2. Clean Beauty
Informations données par l’app
Indique les allergènes potentiels au sens du règlement européen concernant les cosmétiques :
Linalol
Limonène
Coumarin
Géraniol
Critique
Ne mentionne pas la présence des deux huiles essentielles utilisées dans la formulation (huile essentielle de Lavandin et huile essentielle d’Eucalyptus).
Conclusion pour le 2ème test
L'information de base est respectée.
3. Yuka
Informations données par l’app
Note globale : 58/100 bon
Décomposition de la note :
6 ingrédient avec un “risque faible”
Lavandula hybrida oil (huile essentielle de lavandin)
Eucalyptus globulus leaf oil (huile essentielle d’eucalyptus)
Linalol
Limonène
Coumarin
Géraniol
10 ingrédients “sans risque”
Indication supplémentaire : "Sans sels d'aluminium. Une exposition chronique aux sels d'aluminium pourrait engendrer des effets neurotoxiques".
Critique
L'appli mentionne la présence des deux huiles essentielles, lesquelles dégradent légèrement la note, qui reste favorable.
À nouveau, l’application fait l'amalgame entre les différentes voies d'exposition et les potentiels effets sur la santé. Plutôt que de mentionner les effets longtemps suspectés des sels d’aluminium sur les cancers du sein, elle cite les effets neurotoxiques des sels d’aluminium. Or la neurotoxicité de l’aluminium est un effet sanitaire bien documenté. Il peut se manifester lors d’une exposition professionnelle en milieu industriel, par l’inhalation des fumées, ainsi que chez les patients dialysés. Pour ces derniers, ils sont exposés à l’aluminium via l’eau de la dialyse. Depuis, la réduction de la teneur en sels d’aluminium dans l’eau destinée aux dialyses a permis de maîtriser ce risque. Dans les cosmétiques, les sels d’aluminium ne présentent pas de neurotoxicité.
Conclusion pour le 2ème test
L’app est la seule à mentionner les 2 huiles essentielles utilisées dans la formulation. C’est une information intéressante pour les personnes aux peaux très sensibles ou les femmes enceintes.
4. INCI Beauty
Informations données par l’app
Note globale : 17,7/20 bien
Décomposition de la note :
4 ingrédient “satisfaisants”
Linalol
Limonène
Coumarin
Géraniol
12 ingrédients “bien”
Critique
Ne mentionne pas la présence des deux huiles essentielles.
Conclusion pour le 2ème test
Les informations sont factuelles. INCI Beauty attribue la note la plus élevée.
5. QuelProduit
Informations données par l’app
Risque limité pour tous les profils
Décomposition du risque :
4 ingrédients avec un “risque limité”
Linalol
Limonène
Coumarin
Géraniol
Potentiellement allergisants
Critique
QuelProduit ne mentionne pas non plus la présence des deux huiles essentielles utilisées dans la formulation. Par principe de précaution, il est préférable d’éviter les huiles essentielles pendant la grossesse, en particulier lors du 1er trimestre. Ainsi, il est dommage que l’application qui fait la distinction entre les populations (enfants, adolescents, femmes enceintes et adultes) ne le prenne pas en compte.
Conclusion pour le 2ème test
L’appli manque sa cible, en ne mentionnant pas l'info spécifique aux femmes enceintes. Sur les 3 applis qui donnent une information globale (avec Yuka et INCI Beauty), elle est la plus stricte.
Une crème solaire bio des Laboratoires de Biarritz, avec un label Cosmebio et un seul filtre minéral
1. Open Beauty Facts
Informations données par l’app
Liste des ingrédients (liste INCI) sans éléments en gras.
Les familles de substances absentes sont précisées :
Sans paraben
Sans formaldéhyde
Sans allergène - fragrance
Sans silicone
Sans phenoxyethanol
Sans triclosan
Sans cetrimonium-bromide
Sans methylisothiazolinone
Sans sel d'aluminium
Critique
Ces infos sont conformes à la liste des ingrédients.
Conclusion pour le 3ème test
L’application n’apporte aucune information supplémentaire.
2. Clean Beauty
Informations données par l’app
Indique l’ingrédient controversé et la raison :
dioxyde de titane
L'appli explique que ce filtre UV minéral présente un risque mal appréhendé sous sa forme [nano], et qu'il est classé comme cancérogène possible, par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), s’il est inhalé.
Critique
Ce sera la même que pour les applis Yuka et Inci Beauty. D'une part, les filtres minéraux sont controversés lorsqu'ils sont utilisés dans leur version nanoparticulaire... Ce qui n'est pas le cas dans ce produit.
D'autre part, les instances sanitaires mettent effectivement en garde les populations exposées au dioxyde de titane dans l’air, car les mécanismes de cancérogenèse sont induits par l'inhalation du dioxyde de titane (irritant des voies respiratoires). Toutefois, en formulation dans une crème, qui plus est dans sa forme non nanométrique, n’est pas volatil. Le risque de le respirer est donc faible. Par mesure de précaution, il peut être intéressant d’éviter les sprays et aérosols.
Conclusion pour le 3ème test
L’appli surestime le risque d’inhalation du dioxyde de titane. La formulation des produits solaires, selon la réglementation en vigueur, vise à maîtriser ce risque pour une application en toute sécurité.
3. Yuka
Informations données par l’app
Note globale : 90/100 excellent
Décomposition de la note :
1 ingrédient avec un “risque faible”
dioxyde de titane
16 ingrédients “sans risque”
Critique
Même critique que pour l’appli Clean Beauty...
Conclusion pour le 3ème test
Idem !
4. INCI Beauty
Informations données par l’app
Note globale : 18,9/20 bien
Décomposition de la note :
1 ingrédient “satisfaisant”
dioxyde de titane
15 ingrédients “bien”
Critique
Même critique que pour Clean Beauty !
Conclusion pour le 3ème test
Idem.
5. QuelProduit
Informations données par l’app
Aucun risque identifié à ce jour pour tous les profils
Décomposition du profil :
Tous les ingrédients n’ont “aucun risque identifié à ce jour” y compris le dioxyde de titane qui dans sa forme non [nano] ne présente pas de risque.
Critique
À nouveau, l’information donnée est la plus juste en regard des données scientifiques.
Conclusion pour le 3ème test
L'analyse est fine, factuelle, et accompagnée d’un indice de couleur appréciable.
La championne est… celle qui ne donne pas de note !
Conclusion des 3 tests
Et la championne est… celle qui ne donne pas de note ! En effet, dès qu’il y a une note, il y a un algorithme pour savoir quelle information va peser le plus dans la balance. Chaque application à sa propre formule. Alors, selon les ingrédients que l'on qualifie de sensibles ou controversés, le résultat ne sera pas le même.
Par exemple, dans le cas d’un cosmétique conventionnel et pour la crème solaire doté d’un filtre minéral, l’application de l'UFC Que Choisir - QuelProduit a été, pour les deux produits, la plus factuelle en regard des connaissances scientifiques actuelles (test n°1 et n°3). Elle évalue le risque à sa juste valeur. Cependant, la différenciation du risque, selon le type de population cible (enfants, adolescents, femmes enceintes et adultes) ne semble pas vraiment fonctionner, alors que c’était un point fort de son concept.
Dans le cas précis d’un cosmétique à base d’huiles essentielles, Yuka est la favorite car elle les a identifié dans la liste des substances à risque limité (test n°2). Néanmoins, Yuka est également l’application qui mélange le plus les informations de santé, au risque de générer un sentiment de peur injustifié.
Enfin, même si Clean Beauty appartient à une marque de cosmétiques, sans note et donc sans algorithme, elle donne simplement les ingrédients présents et les informations disponibles les concernant. Factuelle et précise, elle se révèle malheureusement peu utile pour comparer les produits et faire un choix.
Pour conclure, ces applications imparfaites restent de bonnes initiatives pour nous aiguiller au quotidien. Prenons du recul ! Le règlement européen sur les cosmétiques doit encore s’améliorer mais il protège, malgré tout, les consommateurs : par exemple, les huiles essentielles qui présentent une forte toxicité sont totalement interdites d’usage (genévrier sabine, laurier vrai, tagète...) et les huiles minérales non raffinées ne peuvent pas être utilisées dans la formulation des cosmétiques.